La privatisation des crèches, la petite enfance marchandisée

 

  1. Evolution des modes d’accueil de la petite enfance : d’un mode de garde vers un mode d’accueil.

 Dans les années 1950/1960 les crèches étaient des lieux de gardes des jeunes enfants centrés sur l’hygiène et le modèle hospitalier. On peut aujourd’hui les qualifier de lieux « pathogènes ».

En effet, l’enfant n’étant pas considéré comme une « personne à part entière », le travail mis en place dans ces lieux de garde ignorait les besoins du jeune enfant liés à son développement affectif, à sa vie psychique, à sa socialisation.

Le rapport entre son bien être et la prise en compte de sa famille n’était pas encore reconnu.

 Des recherches menées sous l’égide de l’OMS et de l’Unicef suite aux dégâts causés par la guerre de 39/45 ont permis une amélioration de la connaissance de la psychologie du jeune enfant.

Ces connaissances ont été diffusé dans la société parmi les professionnels (psychologues, médecins, enseignants, professionnels de la petite enfance) et les parents.

 Dans les années 1970, la nécessité d’augmenter la qualification des professionnels apparaît, sur 2 versants de formation:

      Sanitaire : Puéricultrice, auxiliaires puéricultrice.

       Educatif : jardinière d’enfants. 

 

En 1983 :

 Un rapport de Nicole Bouyala et Bernadette Rousille au secrétariat d’Etat à la famille et à la santé introduit l’idée de la prise en charge de l’enfant dans sa globalité.

Ce rapport « L’enfant dans la vie, une politique pour la petite enfance » marque le passage progressif du simple mode de garde à celui de mode d’accueil prenant en compte le développement du jeune enfant, ses besoins et sa famille.

 

  En 2000 :

  Parution du Décret du 1er août 2000 qui conduit à une réforme du financement des places en crèche, basée sur les revenus des parents. C’est une grande ouverture de l’accueil des jeunes enfants puisqu’il peut être proposé à tout le monde, même au plus démunis.

 

En 2002 :

Retour à un climat néo libéral qui marque le début d’une bascule entre l’idée d’un mode d’accueil impulsé dans les années 80 à un mode de garde de base.

 

  1. Evolution des modes d’accueil de la petite enfance : d’un mode d’accueil vers un mode de garde.

 

En 2003 :

 La Conférence de la Famille ouvre le dialogue à un maximum d’intervenants, le secteur marchand investit ce partenariat entre l’ANAF et les pouvoirs publics.

 En 2004 :

  La CAF ouvre ses dispositifs au secteur marchand :

     Les crèches d’entreprises

   Les entreprises de crèche. Ces entreprises vont « vendre de la crèche », ce qui n’est pourtant pas –a priori- un secteur rentable. Ces entreprises de crèches peuvent rentrer dans le marché public pour vendre leurs produits.

 

 En 2006 :

Modification des aides de la CAF dans le cadre du contrat enfance (spécifique au 0-6ans) au profit du contrat enfance-jeunesse (0- 18ans).

La modification de ce contrat a entraîné d’une part la diminution des remboursements qu’octroyait la CAF aux collectivités locales, d’autre part le non-financement des actions qualitatives, innovantes  et créatives (type classe passerelles, lieux d’accueil parents/enfants ou même certains postes ne faisant pas partie du personnel réglementaire…)  au profit des actions quantitatives (créer des places d’accueil) .

 

 En 2008 :

 Un développement de l’accueil est initié suite à l’annonce gouvernementale de la création de 200 000 places d’accueil. Le secteur de la petite enfance entre dans une logique économique ou l’enfant n’a plus sa place, ce dernier n’apparaissant plus dans les différents textes de lois.

 Parution du Rapport TABAROT en juillet 2008 :

Propositions : 

 

Création de micro-crèches : assouplissement des conditions d’accueil, moins de qualification des professionnels.

Création de jardins d’éveil : taux d’encadrement des enfants de 2 à 3 ans revu à la. Un objectif sous jacent est la disparition progressive des petites sections de l’école maternelle.

 Réforme et révision du statut des assistantes maternelles : réduction du temps de formation (de 60h à 30h) et parallèlement augmentation du nombre d’enfants accueillis (de 3 à 4 enfants) .

 Diminution des taux d’encadrements : 1 professionnel pour 6 enfants qui ne marchent pas au lieu de 5 actuellement ; 1 professionnel pour 9 enfants qui marchent au lieu de 8.

 Augmentation des taux de remplissage sans moyen supplémentaire.

 

  Les préoccupations gestionnaires prennent le pas sur la notion d’accueil de qualité, l’enfant n’est plus au cœur des réflexions actuelles.

 

Enfin, les crèches font désormais parties de la directive européenne « Services »  (ex Bolkenstein.) Celle-ci permet la libre concurrence des entreprises de crèches à un niveau européen.

 

Depuis plus d’un an, les professionnels se sont mobilisés pour défendre une certaine « qualité » de l’accueil centrée sur l’enfant. Beaucoup se sont regroupés dans le collectif « Pas de bébés à la consigne » http://www.pasdebebesalaconsigne.com  Ils ont réussi à alerter les parents et les élus.

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